Me Ayodele Ahounou, avocat d’Olivier Boko, est intervenu récemment et a exposé des irrégularités majeures dans la procédure judiciaire en cours devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET), dans l’affaire Boko Homeky. Ces anomalies remettent en question l’équité du procès et soulèvent des inquiétudes quant au respect des droits fondamentaux des accusés dans une affaire aussi sensible.
Des vices insurmontables dans la procédure
Depuis l’enquête préliminaire jusqu’aux audiences devant la section d’instruction de la CRIET, plusieurs violations des droits de la défense ont été constatées. Me Ahounou a notamment dénoncé ; Une incohérence des dossiers remis à la défense : Les éléments transmis aux avocats n’étaient pas conformes à ceux examinés par les juges instructeurs. Cette situation empêche une défense efficace, en violation des principes fondamentaux du droit. Un non-respect du droit d’accès au dossier : Certains avocats de la défense n’ont pas été invités à consulter le dossier, contrevenant à l’article 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantit une égalité des moyens dans un procès. Le rejet illégal d’une exception d’inconstitutionnalité : L’avocat a rappelé que, selon le code de procédure pénale, le juge est tenu de suspendre l’audience et de transmettre l’affaire à la Cour constitutionnelle lorsqu’une telle exception est soulevée. Pourtant, la CRIET a décidé d’ignorer cette étape cruciale.
Un procès précipité
Selon Me Ahounou, la rapidité avec laquelle la CRIET a rejeté les demandes de nullité et rendu ses décisions laisse perplexe. « La justice a son délai raisonnable, mais ici, rien n’explique une telle célérité dans une affaire d’une telle importance », a-t-il affirmé. Cette précipitation pourrait indiquer une volonté de conclure le dossier rapidement, au détriment d’une instruction impartiale et approfondie.
Les implications pour l’indépendance de la justice
Ce procès met en lumière une problématique récurrente dans le système judiciaire béninois : l’influence perçue de l’exécutif sur les affaires sensibles. Les accusations d’instrumentalisation de la justice ne sont pas nouvelles, notamment dans les dossiers concernant des figures politiques d’opposition. Cependant, l’ampleur des irrégularités relevées dans cette affaire soulève des questions sur la capacité de la CRIET à garantir un procès équitable.
L’instruction devrait théoriquement être menée à charge et à décharge, en collectant des éléments pouvant aussi bien incriminer que disculper les accusés. Or, les actions de la CRIET suggèrent un parti pris, ce qui va à l’encontre des standards internationaux de justice impartiale.
Un précédent dangereux pour l’État de droit
Les vices de procédure relevés dans l’affaire Boko-Homeky ne concernent pas uniquement les accusés. Ils représentent un précédent dangereux pour tout citoyen béninois. Si la justice peut contourner les règles dans des affaires aussi médiatisées, qu’en est-il des cas moins visibles ? Cette situation érode la confiance des citoyens dans les institutions judiciaires et menace les fondements mêmes de l’État de droit.