AFRIQUE

Le militant béninois Kemi Seba en garde à vue pour « intelligences avec une puissance étrangère »

Afrique

Le panafricaniste et militant béninois Kemi Seba a été arrêté lundi à Paris et placé en garde à vue. Selon son avocat, qui dénonce une criminalisation politique, il est soupçonné d’activités visant à nuire aux intérêts de la nation française.

Le militant anticolonialiste français Kemi Seba donne une conférence de presse le 26 juin 2020 à Paris.
Le militant anticolonialiste français Kémi Séba donne une conférence de presse le 26 juin 2020 à Paris. © Stephane de Sakutun, AFP (Archives)

Il est soupçonné « d’entretenir des intelligences avec une puissance étrangère ». Kemi Seba, panafricaniste et militant béninois, est actuellement en garde à vue dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) après avoir été interpellé à Paris ce lundi 15 octobre, d’après son avocat, Me Juan Branco. 

 « On est face à une situation extrêmement inquiétante » avec une « criminalisation d’un opposant politique et d’un intellectuel », a fustigé Me Juan Branco lors d’une conférence de presse.

Une enquête vise Kemi Seba, 42 ans, soupçonné « d’entretenir des intelligences avec une puissance étrangère (…) en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France« , une infraction criminelle passible de 30 ans d’emprisonnement, a précisé Me Branco.

L’homme, déchu de la nationalité française en juillet, est également soupçonné « d’entretenir des intelligences avec une puissance étrangère (…) de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation », une infraction qui pourrait lui valoir 10 ans d’emprisonnement. 

Les enquêteurs l’interrogent sur « une large » période de faits, « à partir de 2017 », selon son conseil. 

Kemi Seba, de passage à Paris avec un « passeport diplomatique » du Niger pour visiter « son père » malade, a été interpellé lundi « dans la rue », a détaillé Me Branco.

« Kemi Seba a été insulté, projeté contre une vitre de façon violente par une dizaine de personnes cagoulées de la DGSI », s’est indigné son avocat, précisant toutefois que la garde à vue, qui peut durer jusqu’à 96 heures, se déroulait sans violence.

Sollicité depuis mardi, le parquet de Paris n’a pas répondu.

Une figure controversée

Malgré la gravité des accusation, Kemi Seba reste « serein », a assuré Me Branco. « Depuis le début, il a toujours assumé l’ensemble » de ses actions, « dans le but qu’on ne puisse justement pas l’accuser de comploter ».

De son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, l’ancien leader de la Tribu Ka – un groupe dissous en 2006 pour son antisémitisme – a été plusieurs fois condamné en France pour incitation à la haine raciale. Aujourd’hui, il dirige le groupe Urgences panafricanistes et jouit d’une large influence sur les réseaux sociaux.

Pour afficher ce contenu Facebook, il est nécessaire d’autoriser les cookies de mesure d’audience et de publicité.AccepterGérer mes choix

À lire aussiAvenue de Gaulle, place de la Francophonie : le Niger efface l’héritage colonial de ses rues

Il dispose depuis début août d’un passeport diplomatique délivré par la junte en sa qualité de conseiller spécial du chef du régime militaire au pouvoir à Niamey, le général Abdourahamane Tiani.

Ces dernières années, Kemi Seba a organisé ou participé à plusieurs manifestations hostiles au franc CFA en Afrique, au cours desquelles il a été régulièrement interpellé, expulsé ou refoulé, notamment de Côte d’Ivoire, du Sénégal et de Guinée.

Avec AFP

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page